29.5.15

C'était les gars du Stalton, en toute amitié !

Avant de partir dans un autre département pour s'en rappeler d'autres souvenirs, il convient de souligner l'esprit d'équipe qui régnait au sein des Hommes du Stalton ! Chacun accomplissait son travail avec sérieux, car il n'y avait pas de petites besoignes. Toutes avaient la même importance dans le bon déroulement de la fabrication : la précédente comme la suivante. S'il fallait aider le camarade qui avait pris de retard, on n'hésitait pas à lui donner le coup de main nécessaire.
Car, tous, ils savaient qu'au Stalton, il fallait savoir "travailler dur".

Pour illustrer cet état d'esprit solidaire, deux photos :
L'une, lors du dernier jour presté par Albert Seynhaeve. Il est entouré de ses camarades du boulot qui lui ont offert un petit cadeau pour sa mise à la retraite.
L'autre, également lors de la mise à la retraite de Albert Bruyneel qui reçut en cadeau : une montre !

Avec plaisir, vous reconnaîtrez de nombreux Briqu'teux en ayant une amicale pensée pour eux !





27.5.15

Qu'est-ce qu'on fait après ça ? On recommence !

Les "tables" de Stalton ont été coulées la veille. Les allées, l'outillage, les machines, tout a été balayé, huilé, ou nettoyé à grande eau. Tout au long de la nuit, dans un calme absolu, le silence fait son oeuvre  en se taisant et la physique entre en action : un peu d'électricité qu'annonce une lampe rouge, les torons d'acier qui s'échauffent, le béton se met à durcir lentement mais solidement.

Cinq heures du mat',   ce n'est pas Paris qui s'éveille, mais c'est une autre équipe du Stalton qui arrive en pleine forme. Chacun connait sa mission :
- il faut couper les fils d'acier au chalumeau aux endroitx prévus,
- il faut ébarber les poutres et noter leur longueur
- il faut les charger sur une étroite charrette
- il faut récupérer les planchers disposés entre les couches fabriquées
- il faut conduire la toute nouvelle fabrication vers le stock et chaque poutre doit trouver sa bonne place ! Ce détail fait aussi partie du service qualité que les Briquetiers veulent offrir aux Clients.

Bref, le travail fourni, de bon matin,  par les hommes du Stalton est essentiellement manuel.  Un tintamarre impressionnant commence à envahir le département encore baigné de vapeur : une dizaine de gars s'occupent de "nettoyer" les poutres à l'aide de burins à manche, qu'ils tiennent des deux mains pour frapper les débordements de béton sur les flans de poutres, pendant que d'autres courageux les saisissent à chaque bout (de 12 kg à près de 100 kg) à pleines mains, gantées heureusement .
Après un dernier balayage, un rapide badigeonnage de plâtre sur la table,  d'autres ouvriers , commencent immédiatement une nouvelle fabrication en étalant les... PTS !

Et on recommence !








19.5.15

Gilbert De Jonckheere en était le chef !

Tout est en place : les six longues tables de 100 m de long sont dressées pour recevoir la coulée de béton.  De plus, en fonction de la demande, sur une même table, on y prévoyait plusieurs couches de poutres, séparées par des planchers en bois.  Bon, d'accord, c'est technique… mais les anciens du Stalton se souviendront !

Voyons la suite des opérations après la mise sous tension des fils d'acier.
Le béton, comparable à … une bonne sauce bolognèse, bien dosé dans sa fluidité et sa granulométrie,  s'approche, par tonne suspendue dans l'air,  pour descendre doucement dans un gigantesque bac qui le répartira  en le vibrant, sur toute la largeur de la table.
C'est une opération qui exige à la fois… biceps et régularité.
Biceps, car le surplus de béton se déposant sur les poutres doit être recupéré à la pelle pour être remis dans le vibreur qui s'avance doucement sans s'arrêter.  Les deux hommes doivent suivre le rythme sans prendre quelques secondes pour cracher un peu de salive dans les paumes de la main et se donner du courage pour la suite !
Un troisième homme suit pour aussitôt ôter les lattes de bois qui servent de coffrage aux poutres.
Un quatrème se charge de dégager le béton, là où les longueurs de poutres devront être coupées aux longueurs voulues :  de 5 en 5 cm.
Un cinquième ouvrier procède à l'ancrage des crochets pour les poutres dites "spéciales" qui permettront, sur les chantiers, la réalisations de planchers… à suspendre !  Bon, d'accord.  C'est encore très technique !

En fin de journée, lorsque la toute la fabrication est terminée et prête à sécher pour durcir, l'atelier retrouve soudain son étonnant silence de cathédrale. Les hommes du Stalton ont quitté les lieux… jusqu'au lendemain !

On se souviendra aussi du premier Chef d'atelier, Gilbert De Jonckheere, qui dirigea avec compréhension et autorité toute ses équipes d'ouvriers qui travaillèrent hardiment au Stalton durant leur carrière entière, pour certains. Hommage leur soit rendu !






18.5.15

Attention au dangereux coup de lapin !

Comme durant un chapelet, on égraine des souvenirs….
Au sein du département "Stalton" que l'on a comparé à une fourmilière, les anciens ouvriers qui y ont travaillé sont, espérons-le, encore nombreux à se réjouir de ces photos qui leur rappellent toute leur carrière.

On a vu récemment : la pose des PTS, leur coupe, la fabrication des caramels, du béton…
Poursuivons en regardant d'autres documents.
Comme celle où l'on voit la machine qui servait à tendre les fils d'acier pour assurer la précontrainte des poutres.
Chaque fil fixé par une cale conique au bout de la table, était amené à la main, de l'autre côté, 100 m plus loin pour être tendu et soumis à une traction 3000 kg, avant d'être coincé ainsi par une autre cale conique.
Une mission périlleuse ! Car il fallait s'assurer que les fixations tiennent bon… sinon, le fil d'acier tendu à l'extrême risquait de se relacher brusquement pour s'enrouler sur lui même sur toute la longueur de la table.  Un peu comme un élastique que l'on tend entre les doigts pour le lacher tout d'un coup : le principe du "schietlap".  Lors de la mise sous tension, le préposé klaxonnait pour avertir ses collègues de ne pas circuler à proximité et d'éviter ainsi le risque de se prendre un dangereux… coup de lapin !
Cet incident s'est hélas produit très rarement !  Il fut constaté que la qualité du fil d'acier pouvait chaque fois être mis en cause !  Une cassure fortuite du cable d'acier !





14.5.15

Les préposés du béton

Si le métier du briquetier consiste à fabriquer des briques, celui du "Briqu'teux de Ploegsteert" pouvait aussi signifier : préparateur en béton !
Depuis 1953, c'est qu'il en a fallu des tonnes de sables, de graviers et de ciment pour couler sur le Stalton, afin d'immerger les fils d'acier tendus dans les creux des briques en U.
Préparé dans une impressionnante bétonnière, le béton était versé dans des bacs à fond ouvrable pour être déversé là-bas, à l'autre bout des tables, à 100 m.  En levant les yeux vers la toiture de l'atelier,  on voyait les cuves à béton aller et venir dans un incessant ballet,  suspendues à un pont roulant que conduisait un gars que l'on voit sur une photo.

Lorsque la coulée était terminée, bien vite, avant que le béton ne durcisse, il fallait nettoyer à grande eau l'ensemble de l'atelier : tout les récipients, les bords de tables, les rails ancrés dans le sol… tout !
D'ailleurs, un bon maçon ne nettoie-t-il pas sa truelle en fin de journée ?  A défaut de cette précaution, comment pourrait-il poursuivre son travail le lendemain ?




12.5.15

Une pensée pour les Briqu'teux qui ne sont plus !

On a beau dire : "Toutes ces machines, ça crée du chomage !"
- "Bin non, répondrai-je.   Ces machines facilitent le travail de l'homme, elles en soulagent sa fatigue, elles l'épargnent de maladies professionnelles "
Faut aussi admettre que la conception, la construction et l'entretien de ces machines engendrent de nouveaux métiers, exigent d'autres compétences, suscitent l'ingéniosité !

La photo ci-dessous illustre un travail qui, aujourd'hui, n'existe plus. Il consistait à pousser tout en haut des silos de gravier et de sable, une sorte de traineau qui, en grimpant, se remplissait du composant déversé dans la bétonnière.  Celle-ci préparait le béton pour la fabrication du Stalton selon un dosage bien mis au point.  Il n'y avait pas d'informatique à l'époque pour régler les quantités nécessaires. Il suffisait de compter… le nombre de "brouettes".

Le gars sur la photo, s'appelait Joye !  Si mes souvenirs sont bons, il n'eut pas la chance de pouvoir profiter d'une retraite bien méritée.  Que cet article qui lui est dédié,  permette de le ressusciter un moment pour revenir parmi les "Anciens Briqu'teux" et lui rendre hommage pour son courage et sa volonté pour un travail bien fait  !  Mais il n'est pas le seul !  Ils sont nombreux à mériter cette pensée !




11.5.15

Alors, ces caramels, ils servaient à quoi ?

Comme on peut le voir sur les deux photos ci-dessous, la fabrication d'une poutre Stalton démarre par le placement des briques PTS, disposées à la queue-leu-leu sur de très longues tables. Des planchettes de bois permettaient un parfait alignement ! Mais comment faire pour éviter que les briques soient placées tout contre l'une l'autre !  On y glissait chaque fois un "caramel", de sorte que les terres cuites ne se touchant pas, le béton qu'on allait y couler par dessus tout, viendrait bien s'intercaler entre tous les éléments et assurer une bonne adhérence des briques.
Plus tard, la technique évoluant, les "caramels" disparurent de la fabrication parce que, lors de la coupe du boudin d'argile des PTS,  on eut l'ingénieuse idée de les  tailler en biseau !
Adroitement disposées, dans un sens puis dans l'autre, ce biseau permit un écart réservé au béton.

Une troisième photo montre l'ouvrier qui se chargeait de plier les tiges de fer (50cm)  pour les accrocher  aux extrémités des poutres.   D'où… l'expression : "Poutres avec crochets !

Bon, j'admet que c'est compliqué ce que je viens d'expliquer. Mais…. les Anciens Briquetiers s'en souviendront !   Rehumer l'odeur de cet atelier, en ré-écouter le bruit, y respirer l'ambiance humide !
Ai-je réussi ?







5.5.15

De la coupe aux caramels !

La manipulation de la terre cuite, au Stalton, avait quelques chose de tout à fait opposé à la chaleur et la douceur que peut offriri  la brique.  Non, parce que toutes les briques dites PTS devaient être abondamment mouillées avant d'être mises en oeuvre sur les tables.  L'adhérence du béton n'y sera que meilleure.
Comme la longueur des poutres Stalton mises sur le marché augmentaient de 5 en 5 cm, il fallait aussi prévoir des morceaux de PTS pour adapter les bonnes longueurs.
C'est un travail de longue haleine : face à la coupeuse-disqueuse, ce briquetier a coupé des milliers de briques en deux ou quatre morceaux. Une mission qui n'a pas ménagé son ouïe par le sifflement strident de la machine, ni les articulations des mains aspergées en permanence !


Dans un autre coin du département, un ouvrier s'occupait aussi des… "caramels". 
Comme en témoigne sur la photo ci-dessous, il s'agissait pour lui de confectionner des petits cubes de béton, guère plus gros que ce délicieux petit friandise. 
Mais, chutt…  Je me refuse de dévoiler ici à l'utilité de cette besogne ! 
Les commantaires sont ouverts pour recevoir vos avis ! 





1.5.15

Travailler au Stalton = métier pénible

Inutile, ici, d'expliquer la fabrication proprement dite des poutres Stalton.
Disons quand même qu'il s'agissait, et qu'il s'agit encore toujours, de disposer sur une longue table des briques en forme de U, à la queue-leu-leu ; d'y tendre un fil d'acier et de le soumettre à une forte traction, pour y couler ensuite du béton qui durcira en une nuit.
Le lendemain, les cables métalliques seront coupés à longueur voulue, ce qui donnera naissance aux poutres "Stalton".

Les briques en U, qu'on appelait PTS,  sont d'abord immergées longtemps dans l'eau de sorte que le béton puisse par la suite facilement y adhérer.   Ces PTS, tout mouillés, seront mis à la main par centaines, par milliers, les uns derrière les autres sur une longueur de 100 m.  Les ouvriers du Stalton disposaient ainsi plusieurs rangées en même temps, à une cadence rapide impliquée par la marche du contre-maître qui avançait debout sur les tables…. au risque de piétiner les doigts de celui qui trainait dans le placement des PTS !

Un travail éprouvant, fatiguant dans une ambiance bruyante et humide, qui mettait, il faut le dire, les muscles du dos à rude épreuve.  Si aujourd'hui, les mots de "pénibilité du travail" influenceront les politiques  pour déterminer la durée des carrières avant la retraite, il serait injuste de ne pas en tenir compte.