31.8.14

Imaginons l'usine, au temps passé !

Grâce à ce plan des années 30, 40, 50 que j'ai installé sous les yeux, il sera plus facile de comprendre les articles suivants.
Dans l'article précédent, nous avons vu la fonction de quatre ateliers.
Voyons quatre autres. Vous les retrouverez leur emplacement ci-dessus.

La "machine à dalles" , comme son nom l'indique : Dans cet atelier, on y a fabriqué des dalles préssées à sec, avec du schiste d'Ardennes. Cette fabrication n'a guère laissé beaucoup de traces dans l'histoire.

Le "stofkot", sobriquet en dialiecte flamand pour désigner l'endroit où l'on stockait les cendres et la poussières résultant de la cuisson des briques. Ce déchet était finalement remis dans la circuit de la fabrication.

Le Chemin de Fer : Cette voie permettait d'alimenter en charbon les deux fours Hoffman (nous verrons plus tard le principe de cette fabrication). Vides, les wagons étaient rechargés de briques à destination  de la Belgique.
On a raconté à l'époque de la collecte de ces renseignements (1976) que : "Antérieurement au tracé indiqué sur le plan, la voie rejoignait la gare du Touquet directement par l'ouest en traversant un terrain qui a été acheté par la suite, vers 1930, par une briqueterie concurrente qui démonta les rails sur ses propres terres...pour couper les vivres au Progrès". La briqueterie fut  donc constrainte de se relier au réseau SNCB par le sud en traversant la rue du Touquet. On y voit encore aujourd'hui la trace du passage à niveau (Observez si vous passez par-là : le macadam est interrompu par une section d'asphalte)

Au dépôt des façades, qui n'a jamais reçu de toiture.  Il s'agissait donc d'une enceinte maçonnée ressemblant à un quadrilatère haut de quelques mètres. . Manuellement, on y a stocké  jusqu'à 40 sortes de briques.  Ci-dessous, une photo qui représente ce laborieux travail qui fut celui du "Briqu'teux" .
Impensable aujourd'hui, bien sûr !

Il se possible que cette photo provienne d'une briqueterie voisine.


29.8.14

Le "Progrès"… entre les deux guerres

De tous les bâtiments indiqués en couleur sur le plan présenté ci-dessous, plus un seul n'existe. Sauf un pan de mur de la cabine électrique actuelle peut encore témoigner de cette époque qui connut le progrès initial de la briqueterie.
Détaillons le plan :

Le broyeur : La batisse ressemblait à un hangar couvert à deux versants. Une rampe de rails montaient vers un "étage" où se trouvait le broyeur. Les berlines chargés d'argile fraîchement extraite étaient hissées à l'aide d'un treuil placé en hauteur. Une fois vidés, les wagonnets dévalaient la pente et recevaient alors un chargement de terre broyée pour l'amener à la fabrication. Selon M. Jules Laenen,..."on y broyait, en 1947, à la lueur de lampes à pétrole !"

Au mélange : Là, on y façonnait des briques. Les premières coupeuses à moteur diesel firent leur apparition vers 1932.

Les séchoirs à l'air libre : C'étaient de longs hangars, bas, de 2 à 3 m de largeur composés seulement ... d'un toit en tôles ondulées, sans parois murales évidemment. On y entreposait, à la main, les briques à sécher. Abritées de la pluie et en plein courants d'air, les briques y restaient pendant plusieurs semaines.

Séchoir à tours : Premiers témoins du progrès d'après-guerre, huit tours en bois recouvertes de feuilles de bitume furent construites pour servir de bouches d'aération. Six d'entre elles sont l'oeuvre de la menuiserie de mes grands-parents maternels. C'est du haut d'une de ces tours, que l'artisan Pierre Bouquillon (mon oncle) prit cette photo orientée vers le hameau du Touquet.

Sur le champ à l'avant-plan, aujourd'hui, s'élève le département Verbo.




27.8.14

Grand retour en arrière !

Du plan que l'on vient de voir précédemment, voici une  photo sur laquelle on retrouve les indications  nécessaires pour mieux s'imaginer quelles allures avaient les batiments de l'époque.
Le photographe s'était placé, ce jour-là, dans la jardin de la première maison voisine de la briqueterie (côté impair), à une dizaine de mêtres de la rue du Touquet,  (de l'autre côté de l'actuel département Verbo)

Nous verrons dans les prochaines notes quels sont les souvenirs qu'ont laissés ces infrastructures d'entre-les-deux-guerres (?), racontées dans les années 70 par deux anciens : M. Jacques de Simpel et feu André Soenen.


25.8.14

Les premières installations aujourd'hui… disparues !

Dans ma note précédente, je concluais par…
"Sa présence y était indispensable pour mettre en place les premières installations qui détermineront toute l'implantation future des usines actuelles."

Aujourd'hui, lorsqu'on regarde l'implantation des grands bâtiments, on peut se demander pourquoi ils n'ont pas été construits perpendiculairement à la route du Touquet.  Probablement que les divisions parcellaires du plan cadastral du Touquet l'en ont décidé ainsi, mais, la raison la plus vraisemblable est l'arrivée de la voie ferrée qui devait jouxter le "grand four", afin d'y charger les briques sur les wagons de la… SNCB. C'est ainsi, on le remarque sur le plan ci-dessous, que les départements NUFA, NUMO ont été bâtis perpendiculaire à cette vois ferrée qu'il fallait garder mais qui, devint bientôt obsolette. 

Observez bien le plan, en filigrane, vous pouvez repérer la situation telle qu'elle se présentait en… 1980.
Comme le temps passe !…



Par la suite, nous reviendrons sur les significations des différentes appellations citées. 

22.8.14

Qui était donc le "Grand Patron" ?… Mr Rémy De Bruyn

Il a trente ans, quand M. Rémy De Bruyn débarque au Touquet pour se lancer dans cette briqueterie qu'il avait lancée quelques temps auparavant avec son beau frère.

L'image qu'il la laissé aux anciens briquetiers de son époque est celle d'un homme, de grande taille, au caractère bouillant et ignorant la rancune.

Exigeant dans le travail de son personnel, il pouvait décider de congédier sur le champs un ouvrier pour... le lendemain, revenir sur sa décision, et le rappeler à se remettre au travail. Son autorité égalait sa générosité, c'est la raison pour laquelle tous les ouvriers qui, avec lui, ont pu gagner leur croute.

Ils respectaient leur "Grand Patron" dont la mémoire collective retiendra aussi son allure fière, son chapeau à large bord et les gettrons qui lui permettaient de marcher dans la boue.

Sa briqueterie fut toute sa vie.

Jusqu'à l'acquisition de sa première automobile, il s'y rendait, tous les jours en train (d'Ypres à Comines et de Comines auTouquet), puis il vint en vélo et plus tard, à motocyclette.
Sa présence y était indispensable pour mettre en place les premières installations qui détermineront toute l'implantation future des usines actuelles.

21.8.14

"Et dire qu'au début, c'était ainsi !…"

Afin de bien admirer la grande photo parue dans la note précédente, je vous livre quelques détails qui ne doivent pas passer inaperçus. Car, au début, c'est comme cela !

Protégées de la pluie sous des séchoirs ouverts aux courants d'air, les briques séchaient à l'air libre.
D'autres devaient se contenter de quelques écrans de paille, manque de place sous l'abri.

.
A droite, sous le préau, une des portes par lesquelles les briquetiers entraient dans le four pour empiler les briques sèches, et les ressortir, toutes chaudes, une fois cuites.
Voyez aussi le tombereau à trois roues chargé de marchandise. Le transport se faisait à cheval !
Remarquez à l'arrière plan, la maison qui servait de cantine.

D'autres livraisons des briques se faisaient aussi par chemin de fer.  Nous voyons ici quelques ouvriers occupés de charger un wagon. A la brouette, il leur fallait monter cette rudimentaire passerelle.
Le patron, Monsieur Rémy De Bruyn, la tête pleine de projets, examine les  installations.
"Toute la région est a reconstruire !… On va manquer de briques…  Faudra moderniser !…." s'est-il dit très certainement !  Pour progresser !




19.8.14

Une photo unique pour s'imaginer comment….

Pour bien comprendre la grande photo noir-et-blanc ci-dessous, il faut s'imaginer être le photographe situé au point bleu sur la carte ci-contre, orientant son angle de vue vers le sud, tel qu'indiqué.
La ligne blanche représente l'extension de la ligne de chemin de fer qui entrait dans la briqueterie pour permettre le chargement des wagons.

La photo ci-dessous, la plus ancienne des archives de Ploegsteert, date de 1928
Je vous la laisse admirer dans ses moindre détails.
Dans la prochaine note, ce cliché exceptionnel sera accompagné de moultes précisions.
Bon amusement !

Cliquez pour agrandir

18.8.14

Le Touquet,… autrefois

Revenons sur terre ! Fouillons dans le passé de ce lieu-dit du "Touquet".
Nous sommes au lendemain de la Grande Guerre, celle qui a dévasté toute notre région.


Essentiellement agricole, ce quartier perdu de l'ancienne ville de Warneton n'était connu que pour les deux moyens de communications qu'il offrait à ses habitants :
- la gare du Touquet, terminus d'une voie ferrée qui se prolongeait en France pour le transport de marchandises;
- le pont frontière qui enjambait la Lys pour entrer en France par la commune de Frelinghien.

Sinon,... le bled... avec pour horizon : des charrues qui labourent les champs; des vaches qui broutent dans les prairies grasses, humides et argileuses.
La terre est surtout lourde ! Donc propice à la travailler plutôt de la cultiver.

1914-1918. Quatre ans de guerre et de tourmente anéantiront toute la région qu'il faudra, au retour de ses habitants qui se sont réfugiés en France, reconstruire les villages, les maisons, les églises.

1925. A l'initiative de Tournaisiens, une petite ferme sise le long du chemin des Renards se mue en une
Cliquez sur cette lettre pour la lire
très rudimentaire petite briqueterie de campagne (voir lettre de l'époque, ci-contre). L'expérience sera très éphémère car une faillite viendra clore l'activité. L'embryon de cette briqueterie est aussitôt repris par un certain M. R. Elslander, originaire d'Alost, et qui hélas, n'aura guère l'occasion de mener à bien son projet. Il décède très jeune, un 24 mai 1928 et, ce sera son associé et beau-frère, M. Rémy De Bruyn qui prendra la relève pour le remplacer et faire tourner cette briqueterie dans laquelle ils avaient, tous deux investi. Rémy a foi dans l'avenir que représente la brique, il prévoit que la demande en sera grande et abandonne son métier initial de ferailleur pour se consacrer entièrement à la fabrication de brique.

1927. Cette rudimentaire petite briqueterie du Touquet baptisée "Briqueterie du Progrès" aura pour actionnaires : Mr Remy De Bruyn, pour une moitié, plus MM. Pierre de Simpel, Charles et Robert Lepoutre de Warneton, pour l'autre moitié.

Ainsi sont les débuts d'une belle et grande entreprise...

14.8.14

Aujourd'hui, prenons de la hauteur !

Avant de retourner dans le passé, pour évoquer quelques souvenirs encore bien ancrés ou déjà dissipés dans les mémoires, je vous propose une photo récente que j'emprunte à un ami, Martial De Campenaere, un passionné du delta-plane motorisé  (son site : http://delahaut.blogspot.be ).  Plânant par dessus les nuages, et, grâce à ses merveilleuses photos, il nous permet de voir, à vol d'oiseau, les beautés inimaginables du notre plancher des vaches.
Autrefois, le bétail broutait au Touquet.
Aujourd'hui, c'est toute une zone industrielle qui s'active pour la construction, l'électronique, l'automation, la technologie mécanique...et même l'écologie !
A regarder attentivement !



13.8.14

La même carte, presque 100 ans plus tard !

La présence de deux cimetières du Commonwealth, tout proches, à l'ouest et à l'est des Briqueteries, prouve-t-elle que le sol sur lequel elles sont implantées, a hélas servi d'horrible théâtre meurtrier de cette Grande Guerre ?
A bien examiner les tracés des tranchées, en bleu et rouge sur la carte précédente, on peut supposer que les obus allemands ne doivent pas avoir explosé bien loin.
Puisqu'on est dans les suppositions, pourquoi ne pas s'interroger sur les circonstances de ces fameux matches de foot,  dont un joué aussi à Frelinghien par les ennemis de la "WW1".  Les Anglais auraient dû donc… traverser la Lys ?
Mais là n'est pas le but de cette note.

Je vous propose d'admirer cette vue aérienne (merci Google) qui correspond à la première présentée.
La ligne de chemin de fer a disparu.
La RN58 est arrivée.
et surtout, surtout…
Les Briquetries, à la couleur dominante de la terre cuite, s'y sont installées, petit à petit !




12.8.14

Rien avant 1914 - 18 !

Regardez bien cette carte : elle date de la guerre 14-18 avec, en bleu : l'indication des tranchées britanniques, et en rouge : les tranchées allemandes.
Aux environs du Touquet - Frelinghien, la rivière de la Lys séparait les belligérants.
Mais intéressons-nous à ce croisement de la ligne du chemin de fer 69 avec la rue du Touquet : c'est à partir de là que débuta la Briqueterie.  Repérez le chemin des Renards qui s'avance vers le nord, avec sur le côté gauche une petite ferme. Tout démarra de là ! Les parcelles cadastrales ont déjà déterminé, à l'époque, l'implantation des bâtiments actuels.

Plus à l'ouest, vous remarquez le hameau du Bizet !

Amusez-vous à comparer la carte d'avant 14 avec la situation actuelle.

11.8.14

Et si on se racontait notre histoire !



Pré-retraité et pensionné depuis plus de 10 ans;  après avoir apporté mes services au sein des briqueteries de Ploegsteert durant 40 ans, il me vient une folle envie de créer ce blog afin d'évoquer l'ancien temps : celui où le briquetier prenait encore la brique en mains pour la lancer à son compagnon qui la posait, toute chaude encore, sur la benne d'un camion… en partance pour un chantier, de l'autre côté de la Belgique.


"Le Progrès", tel fut sa première raison sociale, au sortir de la Grande Guerre. Dans quelques années, cette briqueterie aura un siècle d'existence.  J'essaierai, dans la mesure du possible et des souvenirs qui m'ont été racontés, de faire revivre ce qu'ont vécu les différentes générations qui se sont succédées. Car,  dans les hameaux du Touquet, du Bizet, du Gheer, du Pont-Rouge, de Ploegsteert et plus loin encore, on était "briqu'teux" de père en fils.  Le savoir-faire se transmettait d'une manière… presque généalogique.

Après chaque note, les commentaires seront toujours les bienvenus : ils apporteront, j'en suis certain, de précieux ajouts ou de nécssaires précisions à la connaissance historique sociale.

D'avance, merci de votre collaboration.

A bientôt, pour de nouvelles visites !

Michel De Witte